"Le traumatisme est devenu si banal que la plupart des gens ne reconnaissent même pas sa présence. Pourtant, chacun d'entre nous a vécu une expérience traumatisante à un moment donné de sa vie, qu'il en résulte ou non un cas évident de stress post-traumatique. Et comme les symptômes d'un traumatisme peuvent rester cachés pendant des années après un événement déclencheur, certains d'entre nous qui ont été traumatisés ne sont pas encore symptomatiques."
Peter A. Levine
Les modèles neurobiologiques indiquent que derrière chaque dépassement des limites de tolérance au stress se cachent de potentielles conséquences psychocorporelles.
Á la suite d'un excès de stress, le cycle physiologique de réponse à la menace se dérègle et s'active chroniquement malgré l'absence de danger. C'est le traumatisme (voir C'est quoi un trauma ?).
Quels sont les symptômes qui résultent d'un excès de stress ?
- De la reviviscence.
Une réponse automatique nerveuse de survie peut se déclencher abusivement à la moindre sensation, ressenti ou émotion qui rappelle l'excès de stress initial. Une odeur, une couleur, un toucher, une texture, une image, un son... a le pouvoir de rappeler au corps la détresse d'une épreuve ou l'impuissance vécue face à une menace.
De la sorte, le quotidien des personnes concernées se perçoit souvent comme menaçant et elles vivent régulièrement des sensations désagréables liées à de la peur. Des flashbacks peuvent survenir, conscients ou inconscients.
- De l'évitement.
L’association entre le vécu physiologique, émotionnel et les faits génère des réflexes comportementaux et des croyances.
Par exemple, une personne impliquée dans un accident avec un véhicule de couleur verte pourrait développer un réflexe inconscient de répulsion envers cette couleur, entraînant une série de comportements d'évitement et de croyances liées au "danger vert".
- De l'hypervigilance.
L'activation nerveuse constante entraîne une vigilance incessante et conduit fréquemment et paradoxalement à des prises de risque (qui justifient les sensations de stress éprouvées).
- De la fermeture.
La vigilance permanente mène à l'épuisement, au sentiment d'impuissance, de honte, à de la colère réprimée, à de la constriction cellulaire, au repli sur soi, au "mal-être" psycho-physiologique. La personne communique peu, devient pessimiste, défaitiste...
Dans une vie qui rappelle chroniquement au corps un danger, on comprend aisément que des comportements involontairement inadéquats puissent survenir, que des pensées négatives et un mal-être profond risquent de s'installer.
- Souvenirs récurrents, cauchemars, anxiété, phobies, mésestime de soi, relation à soi et à l'autre compliquée, irritabilité, hyper ou hypoactivité...
- À terme, le TSPT est lié à un risque accru de dépression, de dépendances (alcool, drogues, affectives, sexuelles...) et d'autres comportements violents ou auto-destructeurs.
Les systèmes organiques, eux aussi, souffrent. Les symptômes somatiques corrélés au TSPT sont :
- Troubles du sommeil, de l'attention, de l'équilibre, du langage, de la mémoire, visuels, sexuels, digestifs, cutanés, respiratoires, hormonaux, cardiaques, musculaires, articulaires, du système immunitaire.
- Des troubles qui peuvent évoluer en maladie ou inflammation chronique, voir jusqu'au cancer.
Oui, le tableau peut paraître bien sombre, mais il est à lire à la lumière d'un fait qui me semble utile de rappeler ; le Trouble du Stress Post-Traumatique se guérit ! (voir "Comment guérir un trauma ?).
Ce rappel, je l'adresse aux personnes qui ont vécu récemment un événement qui a mis leur intégrité physique ou psychique en danger, aux personnes qui vivent une longue période de stress et qui n'ont peut-être pas encore développé de symptômes. J'adresse ce rappel aux personnes qui vivent le TSPT sans oser en parler ou qui se sont résignées à vivre avec. J'adresse ce rappel à toutes les personnes qui, comme je l'ai fait, vivent leurs symptômes sans les relier à un potentiel TSPT et qui, en carence d'informations, ont adopté ces symptômes et les ont ratifiés dans une définition d'eux-mêmes (je suis comme ça, ceci ou cela).
À ce stade de votre lecture, vous vous demandez peut-être pourquoi vous n'avez jamais développé de TSPT (c'est ce que je vous souhaite) bien que l'un ou l'autre événement potentiellement traumatisant ait parsemé votre vie. C'est un fait, nous ne sommes pas tous égaux face au danger (ou sa sensation). Mais ça, ce sera (peut-être) le sujet d'un prochain post.
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